Le loup du violoncelle
Tous les instruments à cordes frottées ont des notes défectueuses. Sur le violon et l’alto, elles sont généralement peu gânantes, mais c’est une autre affaire avec le violoncelle. De par sa taille, sa structure, la hauteur de ses éclisses, le loup du violoncelle, ce roulement qui apparait sur le fa ou le fa dièse, devient un gros inconvénient.
Tous les violoncelles sont plus ou moins affublés de ce défaut. Les grands instruments des meilleurs luthiers ne sont pas épargnés. C’est souvent quand un violoncelle est bien réglé, au top de ses capacités sonores, que le loup est le plus apparent.
D’où vient ce roulement très désagréable que l’on retrouve aussi sur l’orgue? Ce sont des vibrations dissonantes qui se rencontrent.
Comment faire pour s’en débarrasser? Il suffit de supprimer une source de vibrations dissonantes, mais ce n’est pas si simple. L’anti-rouleurs, petite masse que l’on fixe sur une corde entre le chevalet et le cordier suffit souvent à faire disparaà®tre le loup. On peut aussi fixer une petite masse de plomb sur la table à un endroit précis. Mais ces deux remèdes ont l’inconvénient d’affaiblir le son.
On peut aussi détabler le violoncelle et changer la barre. Une barre plus ou moins lourde plus ou moins tendue, a toujours un effet sur le loup, mais dans le bon sens comme dans le mauvais, ce qu’on peut difficilement prévoir à l’avance.
De mon côté, j’ai imaginé une autre solution. Tous les violoncellistes savent qu’il suffit souvent de presser les éclisses de l’instrument avec ses mollets pour faire disparaitre le loup. J’en ai déduit que la source sonore en conflit avec le bloc cordes-chevalet-table-fond, provenaient des éclisses très hautes sur le cello, mises en vibration par l’air contenu dans le corps de l’instrument.
Pour empâcher cela, j’a fixé sur les éclisses, à des endroits très précis, ce que les luthiers américains fixent dans leurs guitares pour en apurer le son et augmenter la puissance et qu’ils appellent des réflecteur de son. Ce sont des pièces de bois à la taille et à la masse calculée et cela fonctionne. Mes quatre derniers violoncelles, munis de ces fameux réflecteurs n’ont pas de loup!
Pour l’instant, j’en suis là . Mon prochain violoncelle, on modèle Montagnana sera lui aussi équipé des réflecteurs de son. Nous verrons ce qu’il en sera du loup.
Carre
Bonjour Gilbert. Merci pour cette communication instructive !
Je suis luthier amateur, et, ce qui est plus grave encore, autodidacte… Mais passionné !
Je viens de faire essayer deux violoncelles récents par un violoncelliste professionnel : l’un d’eux est affublé d’un loup colossal sur ce fameux fa dièse… Dommage car il sonne bien pour le reste, puissant et de belles harmoniques.
J’ai l’habitude de coller sur mes guitares des « renforts d’eclisse », mais ai toujours eu l’idée qu’ils n’étaient là que pour limiter les fissures en cas de choc… Grà¢ce à vous, je découvre qu’ils auraient donc aussi un rôle d’amortisseurs des vibrations parasites ? Je suppose qu’ils doivent avoir dans ce cas une certaine masse.. Et les petites languettes d’epicea de 3 MM d’épaisseur que j’installe dans mes guitares seront alors insuffisantes ! Puis je essayer pour le prochain violoncelle des renforts un peu plus epais, et d’une essence plus lourde (noyer ou tilleul)? Je suis impatient de tester ce remède… Car la « chasse au loup » me preoccupe, et mon inexpérience d’amateur + mon isolement n’arrangent pas mes affaires…
Bonne journée et toute mon amicale admiration pour votre talent. La lutherie est un métier merveilleux !
Edwige
merci pour cette explication ! Mon violoncelle doit âtre vraiment bien réglé vu le loup qu’il produit sur tous les fa !