Question de chevalet
Le chevalet conduit les vibrations des cordes à la table. Par sa hauteur, surtout sur le violoncelle, la pression a tendance à l’écraser et s’il est trop léger ou en bois trop mou, il se voile. C’est extrâmement préjudiciable à la qualité du son puisque des vibrations se perdent à cause de l’élasticité due à la courbe.
Un chevalet se déforme pour plusieurs raisons:
– Il est fabriqué dans un bois trop mou ou pas suffisamment vieux.
En vieillissant, l’érable non ondé et maillé durcit. Les luthiers recherchent toujours des chevalets très vieux. A Mirecourt, certains anciens luthiers vieillissait artificiellement leurs chevalets en les faisant séjourner dans du fumier de lapin.
– Son épaisseur est trop faible.
En effet, on a tendance à enlever beaucoup de bois sur le chevalet pour réduire son inertie et obtenir un son clair. Or, en dessous d’une certaine épaisseur, le bois n’a plus assez de force pour résister à la pression et il se voile généralement du côté du cordier.
– Il est mal taillé.
Le chevalet présente un angle droit avec la table du côté du cordier. Le luthier taille du côté de la touche pour enlever le bois superflu, ce qui donne à cette face une forme légèrement courbe, la parie opposée restant droite. Mais cela a aussi l’inconvénient de créer un déséquilibre qui sollicite le chevalet et a tendance à le faire plier sur le côté perpendiculaire. Il faut donc le rééquilibrer en le taillant du côté cordier au-dessus du coeur de manière à ramener la ligne de pression (l’endroit où reposent les cordes) plus au milieu.
Le chevalet s’incline côté touche quand on s’accorde à la cheville. La traction répétée dans le mâme sens à tendance à le tirer ainsi. Il peut aussi s’incliner dans l’autre sens, surtout sur les violoncelles que l’on accorde avec les vis sur le cordier. Le musicien doit fréquemment vérifier la position de son chevalet et le relever au besoin.
On peut redresser un chevalet humidifié à l’eau chaude et sous presse. S’il est trop maigre, cela ne servira à rien, il retrouvera sa forme première. S’il a mal été taillé, et s’il reste assez de bois, on peut le retailler avec avantage, mais le mieux, c’est de le changer et de faire en sorte que les erreurs de taille ne soient pas reproduites.
Je monte sur mes instruments des chevalets datant d’avant la deuxième guerre mondiale. Leur dureté, leur confère toutes les qualités nécessaires pour ne pas ployer sous la charge et permettre à mes instruments de donner leur meilleure sonorité.